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L’alternative monétaire Bitcoin une perspective institutionnaliste

Après la crise financière de 2008, il fallait changer les choses et faire en sorte que le système de paiement ne soit plus sous la seule emprise des grandes banques ou des États guidés par une vision idéologique capitaliste.

Créée en 2009 par le mystérieux Satoshi Nakamoto, la cryptomonnaie Bitcoin a chamboulé la conception traditionnelle de la monnaie. Un nouvel ordre monétaire est-il en vue ?

Le Bitcoin est plus qu’un simple fruit de l’innovation technologique

Considéré par certains comme une technologie de paiement semblable à tant d’autres, le Bitcoin recèle un ensemble de valeurs sociales, mais aussi une idéologie d’échange qui tend graduellement à créer une autre alternative de paiement.

C’est une monnaie virtuelle qui, avec le temps, pourrait s’institutionnaliser à travers le monde. Avec un volume de transactions de 4,9 milliards de dollars en seulement 24 heures, une offre totale de 16,67 millions de Bitcoins a déjà été atteinte dans 96 pays en novembre 2017, ce qui reflète l’engouement des internautes pour ce type paiement.Le Bitcoin est plus qu’un simple fruit de l’innovation technologique

Sa notoriété réside non seulement dans son aspect virtuel ou digital, mais surtout à travers le processus de cryptage (cryptage rime avec sécurité face aux contrefaçons des hackers) et de minage (une réussite car les internautes préfèrent créer des communautés en réseau lors des phases de validation et d’authentification des transactions).

C’est sans conteste une excellente alternative pour atténuer le pouvoir des banques sur le marché du crédit, c’est-à-dire l’ère de la décentralisation et de la désintermédiation dont tout le monde rêvait : plus de tenue de compte par une tierce personne, des transactions en réseau « peer to peer » sans tiers de confiance… Bref, une réappropriation réelle de la monnaie sans les contraintes étatiques et les engagements inhérents aux crédits bancaires.

Outre son caractère non inflationniste, le Bitcoin est la concrétisation de ce libéralisme et cette souveraineté individuelle tant prônée par le théoricien autrichien Friedrich Hayek. Désormais, les transactions se fondent sur la base d’une concurrence saine sans la moindre manipulation politique.

Encore faut-il remarquer que le volume maximal d’émission de Bitcoin est limité à 21 millions, un véritable garde-fou qui représente l’icône de la valeur des efforts fournis par chacun d’autant plus que le travail constitue le noyau de la rareté.

Bitcoin : une alternative monétaire en phase d’institutionnalisation

Le Bitcoin n’est pas considéré comme une monnaie électronique au sens de l’article L315‐1 du Code monétaire et financier français. La raison est simple : il n’est pas émis en contrepartie d’une remise de fonds préalable. En plus, il n’a pas de cours légal, car le réseau qui procède à son émission n’a pas le statut d’un établissement financier agréé comme la Banque centrale ou les banques de second rang.

À vrai dire, il n’existe aucune législation spécifique en vigueur qui régit ce mode de paiement dans l’Hexagone. Mais que disent les théories économiques ? En fait, la position des courants dominants comme celle de Schumpeter se limite à voir la monnaie comme le symbole de la souveraineté étatique.

Bitcoin : une alternative monétaire en phase d’institutionnalisation

L’État centralise les décisions à travers la politique monétaire et les banques ont le devoir de l’obéir au doigt et à l’œil ; donc, l’économie monétaire n’offre aucune piste intéressante. Par ailleurs, en se penchant sur la véritable nature de la monnaie, le Bitcoin peut être vu comme une institution dotée d’un ensemble de règles (règle d’émission régie par l’encodage, unité de compte abstraite fixée par convention) et surtout il suscite la confiance, car c’est une valeur refuge.

C’est à travers ce concept de confiance que les économistes fondent leurs arguments. En d‘autres termes, le Bitcoin fait l’objet d’un consensus social et cela lui donne une légitimité aux yeux de ses utilisateurs. L’évolution croissante de ce phénomène de confiance méthodique (croyance en l’infaillibilité de la cryptographie) et éthique (une nouvelle idéologie monétaire est ancrée dans l’esprit des internautes) a une très forte chance d’aboutir à un nouvel ordre monétaire vu la vitesse à laquelle le Bitcoin se propage.